in camera présente « Weather Man » la deuxième exposition d’Evgenia Arbugaeva à la galerie.
Après « Tiksi » sa fameuse série de photographies prises dans sa ville natale, Evgenia Arbugaeva continue son périple dans le nord Arctique.
En 2013, passagère d’un brise glace, elle rencontre Slava Korotkiy, météorologiste, unique résident de Hodovarikha, une station météo située sur une petite péninsule dans la mer de Barents. La ville la plus proche est à une heure d’hélicoptère, seul moyen de transport. Evgenia Arbugaeva est tout de suite fascinée par Slava Korotkiy qui vit seul depuis treize ans.
Il fait partie de cette génération de Polyarniki, les explorateurs du nord. À une certaine époque, en URSS, travailler en Arctique était comme voler vers la lune et ces explorateurs étaient des héros au même titre que les astronautes.
Ces explorations dans l’Arctique étaient un des thèmes populaires des films et des livres qui ont accompagnés
l’enfance d’Evgenia. Elle même a grandi dans l’Arctique et a des souvenirs très précis des stations scientifiques qui entouraient sa ville natale.
La station d’Hodovarikha a ouvert en 1933, et depuis n’a guère été rénovée. Les murs de la vieille maison sont recouverts du même papier peint délavé, les étagères sont remplies de revues météorologiques jaunies par le temps.
Après cette première visite, Evgenia Arbugaeva est retournée deux fois à Hodovarikha dans l’obscurité des nuits polaires, pour passer du temps avec Slava, capturer son univers, loin de la civilisation et du bruit des villes.
Dans ce paysage hostile, ce météorologiste spécialiste de l’Arctique, fait des relevés journaliers sur les vents, les températures, les marées et la qualité de la neige qui tombe sur la toundra. Avec sa radio grésillante, il retransmet en morse ces données à une personne qu’il n’a jamais rencontré.
Il a une femme, mais elle vit loin, à Arkhangelsk. Ils n’ont pas d’enfants. Lors de ses rares visites à Arkhangelsk, il est perturbé par la circulation et le bruit de la ville.
« Le monde des villes lui est étranger, il a du mal à l’accepter » dit Evgenia.
«Je suis arrivée à Hodovarikha avec l’idée d’un ermite solitaire qui s’est isolé du monde à cause d’un drame profond, mais ce n’est pas la réalité. En fait, Slava n’est pas seul. Il peut disparaître dans la toundra, se fondre dans une tempête de neige. Il n’a pas l’instinct de survie que la plupart des gens ont. C’est comme si il était lui- même le vent, ou le temps.»
Comme l’écrit Giuliano Saldicco : Dans ces photographies d’Evgenia Arbugaeva, il n’y a ni tristesse, ni lassitude, juste un homme qui a trouvé sa place, loin des autres et de la vie. Son regard est incroyable, une lumière spéciale brille au fond de ses pupilles, le genre de lumière qui voudrait dire “j’ai compris quelque chose que vous ne saisirez jamais”.