In camera présente « Intimités », une exposition collective regroupant quinze artistes de la galerie : Emi Anrakuji, Nobuyoshi Araki, Jane Evelyn Atwood, Jerry Berndt, Alexandra Catiere, Krass Clement, Claudine Doury, Stéphane Duroy, Sissi Fassat, Kenro Izu, Eri Makita, Eva Rubinstein, Laurence Sackman, Thomas Vandenberghe, Bertien van Manen.
Dans un monde soumis à la tentation du « selfie » et de l’exhibition crue de soi-même, in camera choisit de partager la sensibilité du regard photographique sur l’intime. Ainsi, les œuvres sélectionnées témoignent moins de la sphère privée des artistes que de leur vie intérieure et profonde, de leurs obsessions personnelles, de leurs motivations secrètes, ainsi que de relations étroites et familières nouées avec les sujets photographiés.
A la fois ombrés de mystère et libérateurs : tels apparaissent les autoportraits d’Emi Anrakuji. Dans les années 80, une tumeur cérébrale abime gravement sa vue. Il lui faudra 10 ans pour se rétablir. C’est pendant la période de sa convalescence qu’elle se prend pour modèle, explorant son art à travers des images de son corps dévêtu.
Nous exposons de rares tirages en noir et blanc de Nobuyoshi Araki, géant de la photographie : ils proviennent de « Sentimental Journey » (1971), bouleversant journal en images de son voyage de noce avec Yoko Aoki, son épouse. De leur rencontre (1968) jusqu’à sa mort (1990), celle-ci aura été son sujet le plus important.
« Rue des Lombards » (1975), par Jane Evelyn Atwood, constitue le premier reportage en immersion de cette importante photographe engagée. Une plongée empathique dans les coulisses de l’amour tarifé, mue par la fascination qu’ont exercées sur elle les prostituées et leur existence à la marge.
« J’ai grandi dans le bar de mon père à Milwaukee, dans le Wisconsin ». Voici comment l’Américain Jerry Berndt situe le point de départ de sa série « The Combat Zone ». Ces photographies, riches en contraste, montrent le regard sans faille de l’artiste sur un monde trouble de buveurs solitaires, de filles de joie, sous l’éclairage aveuglant d’enseignes au néon.
Alexandra Catiere fait de l’intemporalité l’un des aspects majeurs de sa création. Ses images sont celles des sensations, des atmosphères. Sans jamais s’arrêter aux genres – du portrait ou du reportage -, elle fait de l’appareil photo l’instrument de sa compassion pour la nature humaine et de sa reconnaissance envers la vie dans sa menue splendeur.
Le travail de Krass Clement s’inscrit dans deux traditions : la mélancolie scandinave d’une part et l’école parisienne du « flaneur », d’autre part. Après le noir et blanc, son expression artistique recèle des travaux en couleur ici mis en valeur.
« Artek, un été en Crimée » est une série emblématique de Claudine Doury. Ce qui, pour l’artiste, s’avérait au départ un reportage sur un camp de vacances soviétique, s’est transformé en un travail photographique au long cours sur les adolescents, nourri d’un profond respect et de fascination.
Hommage à un visage unique, » Hradec – Kralové, Czech republic, 1991″, par Stéphane Duroy, est un tirage argentique de petit format qui se démarque dans l’œuvre de cet artiste français, grand nom de la photographie documentaire. Cette image figure dans le livre culte « L’Europe du silence », Filigranes Éditions, 2000.
Les images récentes de Sissi Farassat se présentent comme des énigmes. Des photographies anonymes en sont le support, découpé ensuite par des passe-partout ne laissant apparaître que certaines parties du tirage. Ici, c’est l’imagination du spectateur qui doit combler le reste. L’artiste concentre notre attention et nous interroge sur ce que nous voyons.
Le nu du japonais Kenro Izu fait partie de la série « Blue », réalisée entre 2001 et 2004 en hommage aux oeuvres de la période bleue de Pablo Picasso. Utilisant des appareils photo grand format, les photographies d’Izu possèdent une sensualité et une tactilité rare.
Eri Makita explore en douceur les qualités cosmiques de la photographie. Ses clichés, fragments de nature à part entière, représentent des végétaux, des pelages, des chairs, des lumières, pour signifier en premier lieu que la photographie est un état de l’univers… au même titre qu’un échantillon minéral prélevé sur Mars.
« Eva Rubinstein traduit les détails simples de sa vie en photographies renversantes et profondes », a souligné le maître André Kertész à propos de cette artiste américaine, virtuose de la lumière, au lyrisme subtil, attachée à révéler la poésie des êtres et du quotidien.
Photographe de mode iconique des années 70 et 80, réputation sulfureuse, Laurence Sackman est alors publié dans tous les grands magazines. Nous présentons « Room 65 », une série de nus féminins réalisée en 1983 dans sa chambre de l’hôtel « La Louisiane » à Paris.
Le photographe belge Thomas Vandenberghe réalise de petits clichés intimistes à l’aide d’un appareil photo compact avec flash. Une sorte de journal de sa vie personnelle, d’émotions saisies sur le vif. Explorant la psychologie de l’image autant que celle des relations, son travail puise son inspiration dans le désir, l’amour et la perte.
Intitulée « East Wind, West Wind », la série de Bertien van Manen rapporte, avec la subtilité et la sensibilité qui la caractérisent, sa vision personnelle de la Chine contemporaine, élaborée au cours de quatorze voyages effectués entre juillet 1997 et mai 2000.