in camera présente un ensemble de tirages d’Emi Anrakuji regroupant deux de ses séries: « 1800 Millimètre » et « Ipy ». C’est sa première exposition en France. Emi Anrakuji sera en septembre à Paris et disponible pour des interviews.
“Anrakuji est apparue soudainement sur la scène photographique, après un hiatus de plus de dix ans dans la création artistique. Elle a commencé à photographier sérieusement en 1998. La combinaison d’éléments variés – érotisme, humour, cruauté, étrange tranquillité, finesse, et tours de magie – caractérisent son travail. Elle est l’une des photographes émergents les plus intéressants au Japon.” Kotaro Iizawa
Emi Anrakuji est née à Tokyo en 1963. Elle vit et travaille à Tokyo, où elle a étudié la peinture à l’Université d’art et de musique de Musashino. Dans les années 1980, une tumeur cérébrale abime gravement sa vue, il lui faudra 10 ans pour se rétablir. Pendant cette longue convalescence, Elle apprend la photographie en autodidacte. Enfermée dans un enfer privé, Emi Anrakuji explore la photographie à travers des images intimes de son propre corps. Le résultat est une série d’autoportraits hors du commun, qui paraissent à la fois libérateurs et oppressants.
« 1800 Millimètre” 2014, est sa dernière série.
“Ces autoportraits ne sont pas érotiques, 1800 millimètres, c’est la taille exacte de mon lit. Cette oeuvre a son origine dans mon lit de malade, où, après un long laps de temps, j’ai finalement commencé à voir des “microcosmos” dans mon champ de visibilité. Je pouvais voir la dentelle sur l’oreiller, les taches sur les draps, donc je les ai pris en photo. Ce moment-là était crucial – le moment où l’appareil photo est devenue mon oeil, et un membre de mon corps.”
Manquant d’un sujet vers lequel elle pourrait diriger son regard, elle s’est devenue sa propre muse.
“J’étais seule. Toujours. Partout. Je suis le seul sujet de toutes mes photos. Je n’ai jamais utilisé quelqu’un d’autre comme modèle. Bien que je sois présente dans tous les images, je ne révéle jamais mon visage.” dit-elle, sans vraiment expliquer pour quelle raison elle fait ce choix.
Dans sa série plus ancienne « IPY » 2006-2007, publiée chez Nazraeli Press, Anrakuji se représente comme une alchimiste créatrice d’images et un catalyseur des rêveries et des désirs. Son thème de prédilection est l’étude de la femme japonaise dans une société dominée par les hommes. Emi Anrakuji crée un labyrinthe photographique fascinant où les images de sa nudité se mêlent à toute sorte d’objets du quotidien.
Emi Anrakuji ne se laisse jamais aller à l’hédonisme exhibitionniste. Elle crée un langage corporel sophistiqué avec sa silhouette élancée et ses longs cheveux qu’elle utilise pour montrer la beauté envoutante de l’impur et du banni.
Depuis 2001, son travail a été montré plusieurs fois au Japon, en Corée, en Grande Bretagne et aux Etats-Unis et a fait l’objet de nombreuses publications.