A l’occasion de la sortie du livre «Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu» chez Filigranes Éditions,
in camera présente une vingtaine de tirages noir et blanc de Jean Noël de Soye extraits de cette série réalisée lors de plusieurs séjours à Madagascar entre 2004 et 2013.
Après avoir travaillé de nombreuses années en couleur pour la presse internationale, Jean Noël de Soye réalise entre 1992 et 1999 son premier projet personnel en noir et blanc sur Venise, qui fait l’objet d’un livre, ”Venise” (Éditions du Chêne, 2001), et de plusieurs expositions.
En 2000, il rencontre Jémia et J.M.G. Le Clézio avec qui il parcourt l’Ouzbékistan. La lecture du « Chercheur d’or », titre phare de cet écrivain, lui inspire « Je me souviens de Véronique Angela Zettor », récit de voyage à la Réunion, en hommage à une figure emblématique de son enfance. Lors de ce séjour, il apprend les racines malgaches de ce personnage et décide quelques années plus tard de découvrir ce pays.
“ En 2004, lors de mon premier voyage, je suis allé au sud-ouest de l’ïle, en longeant le Canal de Mozambique, ce bras de mer qui sépare Madagascar de l’Afrique. C’est le territoire des Vezos, pêcheurs côtiers semi-nomades.
D’autres incursions m’ont emmené dans le Grand Sud, très aride, jusqu’à Fort-Dauphin, puis au centre, dans les Hautes Terres aux environs de Fianarantsoa, capitale du Betsileo, région plus verdoyante, parsemée de rizières. De Fianarantsoa, j’ai rejoint la côte sud-est, et Manakara, la capitale du pays antemoro, à la rencontre d’une autre population, d’une autre atmosphère, chaude et humide.
Mon dernier voyage, en 2013, m’a conduit de nouveau dans les Hautes Terres pour atteindre Ambalavao et son grand marché aux zébus.
Dans les coins reculés où je suis allé, les gens vivent comme ils ont toujours vécu. Les modes d’existence, ancestraux, n’ont pas évolué, les paysages sont demeurés identiques.
L’île semble abandonnée du reste du monde.
Ce pays est très pauvre, mais ce qui m’a frappé, et ce qui m’a séduit aussi, c’est la grâce de ses habitants dans leur dénuement, leur innocence.
Ici, les gens ne se cachent pas.
En voyage, j’emporte un sac léger, et deux Leica. Je travaille en noir et blanc. J’aime son caractère intemporel, et la manière dont il restitue les moments que j’ai vécu.
Une phrase d’Arthur Rimbaud m’accompagne « […] ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu. »