in camera présente en partenariat avec la curatrice Caroline Trausch et Zen Foto Tokyo, une exposition de tirages vintages et modernes de Nobuyoshi Araki, extraits de différentes séries recouvrant les quarante dernières années de son œuvre. Certains de ces tirages sont montrés en Europe pour la première fois.
Nobuyoshi Araki est né à Tokyo en 1940. Il a grandi dans le quartier de Minowa dans la ville basse.
Bien que sa petite enfance ait été marquée par les ravages de la guerre, Araki montre très tôt une incroyable joie de vivre, et photographie avec frénésie, racontant sa vie par les images avec une passion et une énergie dévorantes, cependant la mort le hantera toute sa vie.
La vie, le sexe et la mort sont des thèmes récurrents que l’on retrouve dans toute l’œuvre de cet artiste contemporain majeur.
Jeune adolescent, il prend ses premières images lors d’une sortie scolaire. Il photographie une jeune fille dont il est secrètement amoureux. C’est le début de sa fascination pour les femmes, et pour l’érotisme. Le sexe souvent associé à un paysage, la plupart du temps tokyoïte, deviendra plus tard son thème de prédilection.
À l’âge de 22 ans, Araki photographie un groupe d’enfants turbulents dans le quartier populaire de Mikawajima. L’un d’entre eux, Sachio Hoshino, surnommé Satchin le touche particulièrement car il s’identifie à la vitalité et à l’impertinence du jeune garçon. « Satchin », la série qui lui est consacrée remporte le prix Taiyô en 1964 et fera l’objet de sa première exposition.
En 1963, il est diplômé de l’université de Chiba, avec une spécialisation en photographie et mise en scène de cinéma.
En 1965, Il profite du studio de l’agence de publicité Dentsu, dans laquelle il est employé pour réaliser ses premiers nus. La même année, il photographie son quotidien avec un moyen format et réalise des petits tirages 13 x 18 cm. C’est son « Théâtre de l’amour » dont quelques vintages uniques (retrouvés en 2011) seront montrés à la galerie.
En 1971, il épouse Yoko Aoki et publie à ses frais « voyage sentimental » qui comprend 108 photographies et raconte l’intimité du couple. À l’époque, cela heurte les sensibilités nippones, habituées à la discrétion et à la retenue.
“ La photographie est l’obscénité par excellence, un acte d’amour furtif, une histoire, un roman à la première personne”, dit-il.
La photographie de Yoko endormie en position foetale dans une barque a fait le tour du monde.
» Cette image évoque pour moi le passage de la rivière qui sépare la vie de la mort. Yoko et moi, nous venions de faire l’amour très fort – et c’est pourquoi elle est endormie ainsi dans le bateau. Nous étions descendus dans une vieille auberge japonaise de Yanagawa qui s’appelait O-hana. J’ai pris la photographie sans vraiment réfléchir, mais regardez et vous verrez qu’elle représente le voyage vers la mort, vers l’autre monde. «
Yoko meurt en 1990, à l’âge de 43 ans. Ce drame personnel confère à son travail une noirceur qui restera sensible pendant plusieurs années. Il commence à photographier le ciel depuis le balcon de son appartement.
En 2010, lors de son propre cancer, Araki commence une nouvelle série de photographies de ciels vus de sa fenêtre. Il colorie et écrit sur les tirages. Cet ensemble intitulé « 2THESKY, my Ender » comprend 254 tirages uniques, dont quelques tirages feront partie de l’exposition.
Araki a souvent mélangé photos et textes sous forme d’un journal personnel, invitant le spectateur dans sa propre intimité ainsi que dans celle des sujets qu’il photographie. Il est le pionnier de cette démarche qui a inspiré de nombreux artistes contemporains dont Sophie Calle ou Nan Goldin.
Il est l’auteur de plus de 450 livres. Depuis 40 ans, Araki photographie des jeunes femmes dénudées et souvent ligotées. Ce qu’Araki veut montrer par le bondage, c’est la beauté d’être enlacée.
‹‹Jusqu’à maintenant, je disais “je ne ligote pas le corps mais le coeur » mais j’ai changé récemment « je ligote le corps et libère le coeur ».››
Il estime que la nudité est dans le portrait et non dans le corps. Il repousse les limites de plus en plus loin et a dû fréquemment faire face à la censure des autorités japonaises.
Ses modèles, “ses amantes” comme il les désigne, ne sont pas des mannequins, ce sont des femmes rencontrées dans la vie de tous les jours, volontaires pour prendre la pose. Ce ne sont pas des femmes objet, elles ne sont ni soumises, ni victimes, ni passives, elles gardent le pouvoir sur leur corps, comme si elles retournaient l’objectif vers le spectateur.
Araki est également fasciné par les fleurs qui figurent ses deux sujets fétiches : le sexe, illustré par l’érotisme de l’intérieur de la forme florale, et la mort, représentée par la fleur coupée, destinée à périr.
Nous présenterons quelques tirages de fleurs, repeints par l’artiste.