Nobuyoshi Araki est né à Tokyo en 1940. Il a grandi dans le quartier de Minowa dans la ville basse.
Bien que sa petite enfance ait été marquée par les ravages de la guerre, Araki montre très tôt une incroyable joie de vivre, et photographie avec frénésie, racontant sa vie par les images avec une passion et une énergie dévorantes. Cependant la mort le hantera toute sa vie.
La vie, le sexe et la mort sont des thèmes récurrents que l’on retrouve dans toute l’œuvre de cet artiste contemporain majeur.
Jeune adolescent, il prend ses premières images lors d’une sortie scolaire. Il photographie une jeune fille dont il est secrètement amoureux. C’est le début de sa fascination pour les femmes, et pour l’érotisme. Le sexe souvent associé à un paysage, la plupart du temps tokyoïte, deviendra plus tard son thème de prédilection.
À l’âge de 22 ans, Araki photographie un groupe d’enfants turbulents dans le quartier populaire de Mikawajima. L’un d’entre eux, Sachio Hoshino, surnommé Satchin le touche particulièrement car il s’identifie à la vitalité et à l’impertinence du jeune garçon. « Satchin », la série qui lui est consacrée remporte le prix Taiyô en 1964 et fera l’objet de sa première exposition.
En 1971, il épouse Yoko Aoki et publie à ses frais « sentimental journey » qui comprend 108 photographies et raconte l’intimité du couple. À l’époque, cela heurte les sensibilités nippones, habituées à la discrétion et à la retenue.
“ La photographie est l’obscénité par excellence, un acte d’amour furtif, une histoire, un roman à la première personne”, dit-il.
Yoko meurt en 1990, à l’âge de 43 ans. Ce drame personnel confère à son travail une noirceur qui restera sensible pendant plusieurs années. Il commence à photographier le ciel depuis le balcon de son appartement.
En 2010, lors de son propre cancer, Araki commence une nouvelle série de photographies de ciels vus de sa fenêtre. Il colorie et écrit sur les tirages.
Depuis 40 ans, Araki photographie des jeunes femmes dénudées et souvent ligotées. Ce qu’Araki veut montrer par le bondage, c’est la beauté d’être enlacée.
Ses modèles, “ses amantes” comme il les désigne, ne sont pas des mannequins, ce sont des femmes rencontrées dans la vie de tous les jours, volontaires pour prendre la pose. Ce ne sont pas des femmes objet, elles ne sont ni soumises, ni victimes, ni passives, elles gardent le pouvoir sur leur corps, comme si elles retournaient l’objectif vers le spectateur.
Araki est également fasciné par les fleurs qui figurent ses deux sujets fétiches : le sexe, illustré par l’érotisme de l’intérieur de la forme florale, et la mort, représentée par la fleur coupée, destinée à périr.