Ananias Léki Dago est né le 2 novembre 1970 à Abidjan.
Après ses études de photographie, voyager devient une source essentielle de son travail. Il immigre en France en 2002 alors que la crise sociale et politique ivoirienne est à son paroxysme. C’est au cours de cette expérience européenne qu’il a commencé à explorer le continent africain, questionnant sa multi-culturalité dans le contexte urbain au travers d’un langage photographique en noir et blanc qui le particularise. Depuis 2006, il s’est concentré sur ce qu’il perçoit comme phénomènes à travers les villes africaines: il a pris le temps d’observer la présence des Shebeens dans les townships de Johannesburg en Afrique du Sud, «Shebeen Blues» (2006-2009). Dans la ville de Bamako au Mali, il s’est intéressé aux pousse-pousse qui inondent la ville de croix «Bamako Crosses» (2006-2012). En 2011, il s’est concentré sur les tôles ondulées qui définissent fortement la ville de Nairobi, au Kenya, «Mabati». Léki Dago s’est rendu à Cotonou au Bénin, la ville qui circule en moto-taxis, et où les conducteurs eux-mêmes apparaissent aussi bien comme des robots urbains que des robots humains, «Zémidjan» (2008-2016). Depuis 2012, Léki travaille sur Abidjan en Côte d’Ivoire. Il dépeint la ville -où il est né- sous la pluie dans la période d’après-guerre pour prévenir concernant les prochaines élections présidentielles de 2020. Inspiré du livre de la Genèse, qui raconte l’histoire du déluge auquel l’auteur Américain James Baldwin a fait allusion dans son oeuvre ‘The Fire Next Time’.
Le travail d’Ananias Léki Dago est entré dans la prestigieuse collection photo du troisième plus grand musée des États-Unis, The Philadelphia Museum of Art, en 2017 avec 20 photographies.
Léki Dago a porté la volonté de créer une plateforme photographique dans son pays fin des années 90. Il organisa alors le premier festival de photographie à Abidjan, « Les Rencontres du Sud », tenu successivement en 2000 et 2002. Lorsque son pays, la Côte d’Ivoire, connut de graves convulsions sociales et politiques, il ne fut plus possible de poursuivre ce projet. Léki immigra en France pour poursuivre sa carrière en Europe et s’exposer à un marché international.
Ananias Léki Dago aborde la photographie de manière surréaliste, par le seul fait qu’il crée un double monde. Cet autre monde dans lequel il nous invite par l’usage du noir et blanc en jouant sur des proximités spatiales. Son écriture, faite de contrastes, décline une poésie de l’espace et de l’humain, au filtre de découpages géométriques dans lesquels les corps sont parfois disséqués pour mieux se révéler. Sa photographie est évocatrice, elle ne déroule pas des récits. Il propose des images déconstruites qui occasionnent plusieurs strates de lecture, et pose un regard délibérément subjectif sur la réalité du quotidien dans son contexte urbain
Depuis son retour au pays, après avoir passé plus de dix ans en Occident, Léki Dago s’occupe de son propre travail et a entrepris un travail de recherche sur les archives de Paul Kodjo. Photographe des années 60 dont il avait présenté le travail à l’occasion de “Les Rencontres du Sud” 2002. Grâce à une bourse du Goethe-Institut, Léki a pu entreprendre, en France, une importante action de préservation sur les négatifs de Kodjo, et parvint à intéresser le musée du Quai Branly au travail de celui-ci. Finalement, depuis avril 2018, Paul Kodjo est entré dans la collection de photo du musée avec 34 pièces.
